Mal de dos, nuque raide... Les médecins aussi souffrent de TMS !
Pourquoi les TMS sont fréquents chez les praticiens de cabinet ?
Votre quotidien de médecin vous expose à des postures statiques inconfortables – par exemple rester penché sur un patient lors d’un examen clinique – souvent pendant de longues minutes. S’ajoutent à cela les gestes répétitifs : rédiger des ordonnances sur l’ordinateur, enchaîner les examens gynécologiques ou les échographies… Autant de mouvements sollicitant sans relâche les mêmes muscles et articulations. Chez les praticiens réalisant de nombreuses échographies, on observe d’ailleurs un sur-risque de TMS avéré. À la fin de la journée, ces micro-traumatismes cumulés se traduisent par des douleurs (dos, nuque, épaules, poignets…).
Autre facteur : le rythme de travail soutenu. Les généralistes voient souvent des dizaines de patients par jour, avec peu de pauses. Les gynécologues enchaînent consultations et actes techniques. Difficile dans ces conditions d’écouter son corps : on ignore la petite gêne du matin… qui s’aggrave le soir. Enfin, beaucoup de cabinets ne sont pas optimisés sur le plan ergonomique. Par manque de temps ou de moyens, on travaille encore avec un mobilier inadapté (examen sur un divan fixe trop haut/bas, tabouret non réglable, écran mal positionné). Le praticien s’adapte au lieu de faire adapter son environnement – et finit par se contorsionner sans s’en rendre compte.
Des conséquences sur la qualité de vie… et l’activité médicale
Ne pas prévenir les TMS, c’est risquer de voir s’installer un mal chronique. Au fil des mois, la douleur ponctuelle peut devenir régulière, puis permanente. Résultat : raideurs, perte de force, troubles du sommeil… Les TMS qui ne sont pas pris en charge pèsent lourdement sur la qualité de vie des professionnels, avec fatigue et inconfort au quotidien. Il est difficile d’être pleinement à l’écoute de ses patients quand on souffre soi-même. Cela peut même jouer sur le moral : exercer un métier passionnant tout en subissant des douleurs peut mener à de la frustration, voire un épuisement.
Sur le plan de l’activité médicale, les impacts sont tout aussi réels. Des douleurs intenses peuvent vous contraindre à lever le pied, aménager votre temps de travail, voire s’arrêter temporairement. Dans les cas extrêmes, certains professionnels de santé doivent cesser leur activité plus tôt que prévu à cause de troubles musculo-squelettiques irréversibles. Dans le secteur de l’échographie par exemple, les TMS figurent parmi les toutes premières causes d’arrêts de travail prolongés et de départs anticipés à la retraite. Sans aller jusque-là, pensez aussi aux petites inefficacités au jour le jour : un médecin crispé par la douleur sera moins rapide, ou délèguera des gestes qu’il ne peut plus faire aisément. En somme, votre santé musculosquelettique influence directement la qualité des soins que vous pouvez offrir – d’où l’importance de la préserver.
Prévenir les TMS : 4 conseils concrets pour votre cabinet
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut réduire fortement ces risques en apportant quelques ajustements simples à son environnement de travail et à ses habitudes. Pas besoin de révolutionner votre pratique du jour au lendemain : de petits changements produisent de grands effets sur la durée. Voici quatre conseils concrets à appliquer dès aujourd’hui au cabinet :
- Réglez le divan d’examen à la bonne hauteur : Adaptez systématiquement la hauteur de la table d’examen avant chaque auscultation. L’objectif est de ne ni vous pencher excessivement, ni lever les bras trop haut. Idéalement, votre table est à hauteur variable (manuelle ou électrique) pour s’ajuster rapidement à chaque patient. Gardez le dos aussi droit que possible pendant l’examen – n’hésitez pas à rapprocher le patient ou le matériel plutôt que de courber votre colonne. Un divan bien réglé permet d’éviter ces bras tendus et dos courbé qui favorisent tant de maux.
- Choisissez un tabouret ergonomique : Passer des heures assis sur un tabouret bancal, trop bas ou trop haut, c’est s’assurer un mal de dos. Préférez un siège ergonomique, stable, réglable en hauteur et facile à déplacer. Une assise bien rembourrée (type “selle” ou avec soutien lombaire) aide à maintenir une posture saine. Réglez la hauteur de votre tabouret de sorte que vos cuisses soient horizontales et vos pieds à plat au sol, vos genoux à ~90°. Cela soulage vos lombaires et évite de travailler voûté. Pensez aussi à vous rapprocher du patient en roulant plutôt que de vous tordre dans une mauvaise position pour atteindre une zone à examiner.
- Positionnez le matériel de façon optimale : Organisez votre espace pour limiter au maximum les torsions du buste et les contorsions inutiles. Placez l’écran d’ordinateur à hauteur des yeux, face à vous, afin de ne pas garder la nuque inclinée de côté en permanence. Si vous utilisez un échographe, positionnez l’écran et la console de manière à y accéder sans vous vriller (par exemple, écran mobile venant au plus près de votre champ de vision). Rangez les instruments que vous employez souvent à portée de main : otoscope, marteau réflexe, gel d’échographie… rien ne doit vous obliger à un grand étirement ou à vous pencher trop longtemps pour l’attraper. Une petite table d’appoint à côté du divan, un chariot mobile ou des étagères bien pensées peuvent faire la différence. En somme, adaptez l’environnement à vous : c’est au matériel de s’ajuster à votre posture de travail, pas l’inverse.
- Prenez des pauses actives régulières : Même les journées chargées doivent intégrer quelques micro-pauses. Toutes les 60 à 90 minutes, accordez-vous ne serait-ce que 2 minutes pour bouger. Levez-vous de votre chaise si vous étiez assis longtemps, ou au contraire profitez d’une pause administrative pour vous étirer. Faites quelques mouvements simples : roulez des épaules, étirez doucement la nuque de chaque côté, décrispez vos poignets… L’idée est de rompre avec la posture statique et de détendre les muscles sollicités. Ces pauses actives réduisent la tension accumulée et améliorent votre concentration pour la suite de la journée. Astuce : profitez d’un appel téléphonique pour marcher un peu dans le bureau, ou faites quelques pas entre deux consultations – votre corps vous dira merci.
Conclusion : prenez soin de vous pour mieux soigner les autres
En tant que professionnel(le) de santé, vous êtes votre principal outil de travail. Prévenir les TMS, ce n’est pas du luxe : c’est essentiel pour garder le plaisir d’exercer sur la durée, dans de bonnes conditions. Quelques ajustements ergonomiques et habitudes de posture peuvent éviter bien des douleurs et des désagréments. Alors dès aujourd’hui, pourquoi ne pas jeter un regard neuf sur votre cabinet ? Ajuster un siège, repositionner une lampe, planifier de vraies pauses… ces petits changements montrent à votre corps que vous l’écoutez.